« Effortlessly chic »

Voilà une expression qui me fascine.

Pour sa sonorité, d’abord. Effortlessly chic,  ces quatre premières syllabes sifflantes-soufflantes, faussement ondoyantes, puis cette exclamation, cette stridence finale du  chic, mot qui claque et qui a le bon goût de brièvement dessiner, sur les visages de ceux qui le prononcent, un sourire.

Pour son sens, ensuite. Être chic, à mes yeux, ce serait déjà le bout du monde, et quant à l’être sans effort, j’ai du mal à comprendre comment on peut. Même les formules supposées les plus éprouvées me semblent difficiles à appliquer. La petite robe noire sans peluches? La chemise blanche sans problème de transparence, épaules trop grandes et bouton du décolleté qui saute? Le trench-coat que je froisse toujours et ne parviens jamais à ceinturer correctement? Jusqu’à l’eye-liner qui tient rarement toute la journée, le chignon qui se transforme en crinière dès onze heures du matin, et le collier dont le fermoir s’obstine à descendre sur le devant. Je ne peux m’empêcher de penser que derrières les radieuses amazones du Sartorialist, il y a surtout beaucoup, beaucoup de réflexion, d’anticipation, d’astuces, de technique, de savoir-faire, d’expérience, d’intendance, bref : de travail.

Et tout ce travail à dépasser, pourtant, d’un renversement de tête,  d’un pas de danse hasardeux, d’une détente, d’un doux sourire : d’un abandon tout en légèreté. Effortlessy chic : face à cette expression, je me sens brouillon de fille.

6 Comments

  1. Tout à fait d’accord, le concept est aussi difficile à mettre en oeuvre qu’à épeler! Moi je suis souvent effortless, parfois chic, mais rarement les deux en même temps… J’adore ce post, et j’aime toujours autant le ton de ce blog. Hop, dans mes favoris!

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