De l’intérêt d’une garde-robe réfléchie

Pour celles et ceux qui aiment les vêtements, la couture (du moins pourvu que l’on soit un peu expérimenté) tient en quelque sorte du super-pouvoir : nul besoin d’écumer les boutiques en quête d’un vêtement qui vous aille ou simplement corresponde à l’envie qui vous trotte dans la tête depuis quelques semaines, il suffit de se mettre au travail.

Ce n’est pourtant que tout récemment que j’ai compris l’ampleur des possibilités qui s’offrent à moi (mais aussi la rigueur qu’elles devraient impliquer). Jusqu’à présent, je ne cousais en effet que par à-coup, quand l’idée d’un vêtement me prenait. Si ça ne prenait pas, pour une raison ou un autre, je laissais tomber : il ne s’agissait après tout que d’un vêtement de plus ou de moins. Mais entre-temps, les blogs couture se sont mis à user du vocabulaire des blogs de mode, en parlant par exemple de collections-capsules ou de palettes.

Premier élément de ma réflexion, ce commentaire de Balibulle au sujet de la collection d’Alexa Chung pour Madewell : « J’ai à la fois envie de tout… et de rien en particulier. Ce qui résume parfaitement, à mes yeux, le style d’Alexa Chung : une allure qui se définit moins par des pièces précises que par un art de les associer. On pourrait toutes faire du Alexa dans nos placards, si on SAVAIT le faire. » A l’époque, je m’étais dit que oui, l’art de bien s’habiller, de se construire un style, correspondait sans doute moins à ma démarche de pie voleuse en quête de pièces chatoyantes, mais isolées, qu’à la possession d’un vestiaire cohérent qui s’aborde comme une gamme à partir de laquelle broder des variations.

J’avais tenté de m’y essayer durant le Summer Essentials Sew-along lancé par Ali en juin dernier, qui proposait déjà sur un mode ludique de se composer une mini-valise estivale, mais avais manqué de temps pour mener l’expérience à bien. Zoe a à son tour relancé la réflexion, en en changeant l’axe : non plus en terme d’éléments à envisager collectivement, mais en couleurs, palette à composer une fois pour toutes. Et puis, coup de chance : en ce début d’année, l’équipe de chez Colette patterns, en écho aux réflexions déjà entamées, a lancé le Spring palette Challenge dont j’ai déjà parlé. J’ai eu tendance à m’emballer en rassemblant dans un premier temps bien plus de pièces que je n’aurais le temps de coudre, et m’en suis voulu, avant de me rendre compte que l’important n’était pas, une fois de plus, ma deadline ou le nombre de vêtements que je serais en mesure de coudre, mais à quel point j’ai envie de coudre chacun chacun d’entre eux pour me composer, petit à petit, un ensemble avec lequel vivre et prendre des libertés. Il se pourrait que je grandisse enfin…

6 Comments

  1. Tu as raison, se construire petit à petit une garde-robe posée, réfléchie n’a pas de prix. Et en y réfléchissant, elle peut te prendre autant de temps que de chercher LA bonne pièce dans mille boutiques.

    1. C’est tout à fait ça. Disons qu’avec la couture j’avais tendance à reproduire une démarche de consommateur, en ayant envie d’un vêtement à la fois, alors que ces derniers mois, j’ai enfin commencé à avoir une vision d’ensemble. J’aimerais me dire que je reproduis la démarche d’un styliste qui conçoit une collection où les pièces constituent vraiment un ensemble et fonctionnent entre elles… Je n’en suis pas là (j’en suis même loin) mais c’est l’idée!

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