Sur les mains

N’en étant pas à un loisir chronophage près, j’aimerais apprendre le crochet. En me rendant à un rendez-vous de tricoteuses et crocheteuses, j’ai été un peu étonnée : un grand nombre des présentes arboraient sur leurs ongles de chatoyantes couleurs, sans l’ombre d’une rayure ; or s’il fleurit en toute saison sur les blogs, un tel étalage de vernis reste rare dans mon entourage. En y réfléchissant un instant, cette apparente anomalie était pourtant facile à expliquer : il est somme toute logique que des tricoteuses ayant sans cesse sous les yeux leurs mains à l’ouvrage soient si soucieuses de l’apparence de celles-ci. Elles m’ont rappelé mon amie Juliette, qui coud principalement à la main et arbore des ongles rouge vif.

Mes mains à moi sont moins jolies : je pense (c’est triste à dire) rarement à mettre de la crème, et ne vernis jamais mes ongles, lesquels n’ont malheureusement pas cette belle forme d’amande que j’admire tant chez les autres. Depuis quelques mois ces mains ont même muté : comme tous ceux qui jouent régulièrement d’un instrument à cordes, non seulement les ongles de ma main gauche ont raccourci, mais la pulpe de mes doigts s’est durcie. Deux caractéristiques peu féminines, mais qui me font davantage sourire qu’aucun de mes vains essais de vernis ne l’ont jamais pu : mes mains, que je tâchais autrefois de rendre aussi ‘neutres’ que possible, sont devenues un signe. Elles se donnent à lire, disent désormais quelque chose de moi à qui saura les déchiffrer. J’aimerais que ce soit aussi simple avec les vêtements…

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