Le koromogae en 8 points

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« Tiens, j’ai fait mon koromogae, le week-end dernier! » « Ton quoi, Carlotta? »

Mon amour des mots-concepts étranges (ou, plus simplement, mon snobisme?) me perdra. Le Koromogae, bien connus de tous ceux qui ont été expatriés au Japon (ou ont lu beaucoup de Shojo mangas), c’est le roulement de garde-robe bi-annuel auquel se livrent écoliers, porteurs d’uniformes et salary men. Au printemps, tout le monde passe de la laine au coton, du bleu marine au bleu chambray, de la chemise à manche longues à la chemisette (je vous épargne mon opinion sur cette dernière).

C’est non seulement plutôt joli _ comme si tout le monde muait en même temps, mais dans un pays où l’espace est souvent un enjeu (peu d’appartements tokyoïtes se permettraient le dressing de Carrie B.), il est également raisonnable de n’avoir à portée de main que la moitié de sa garde-robe et de conserver l’autre à un endroit moins accessible. Pratiquant le koromogae depuis deux ans et demi, je ne lui trouve que des avantages :

1. C’est une occasion idéale pour faire le bilan de la saison : tout ce qui n’a pas été porté peut prendre le chemin d’Emmaüs, tout ce qui est usé n’a plus l’occasion de se cacher : on raffine donc, deux fois par ans, le contenu de sa garde-robe.

2. Grâce aux petits sachets de lavande qui tiennent compagnie à mes vêtements pendant leur période de repos (j’ai une peur panique des mites), mon appartement embaume pendant tout un week-end.

3. Une armoire moins peuplée est une armoire mieux rangée : c’est visuellement bien plus agréable, et je prends tout ce qui peut me mettre de bonne humeur le matin.

4. D’une façon plus générale, c’est une occasion de céder à mon amour maniaque du classement ; je fais même tourner mes chaussettes selon leur coloris plutôt « été » ou « hiver » (le cas difficile des chaussettes grises tient mon public en haleine).

5. Retrouver des vêtements qu’on avait oubliés pendant ces six mois de séparation fait toujours plaisir _ si ça ne fait pas plaisir, il est peut-être temps de se référer à l’article 1.

6. Cela donne à mon compagnon, qui tend à me trouver légèrement frivole, l’illusion que j’ai moins de vêtements, puisque seulement une moitié d’entre eux sont visibles en même temps.

7. Ne disposant pas d’un espace où entreposer mes affaires 6 mois d’affilée, le koromogae est également une occasion idéale de rendre visite à mes parents!

8. Enfin, aux premiers beaux jours, le koromogae est à la folle de fringues ce que les terrasses ensoleillées sont aux Parisiens : un instinct, un besoin, un appel irrésistible : une célébration de la nature et du cycle de ses saisons.

Lorsque j’ai répondu à cet appel il y a quinze jours, nous avons pris notre premier repas dehors. Depuis, il refait froid. Tous mes vêtements chauds sont chez mes parents.

Fichu printemps.

5 Comments

  1. J’ai beau connaître comme tout le monde le fameux dicton « en avril, ne te découvre pas d’un fil », chaque année je me fais avoir par la tentation du printemps (et de son grand ménage)… rhume à la clé.

    1. Si les dictons existent, c’est sans doute parce que tout le monde fait les mêmes bêtises… Cela dit, je suis encore pire, puisque cela m’arrive systématiquement en mars!

  2. Joli concept et ça fait plus chic que « rangements de printemps » ou autres trucs comme ça…. Je vais essayer de retenir ce mot (histoire de le sortir de temps en temps, pour faire ma maligne…!!)
    Je découvre ton blog qui me plaît beaucoup, es-tu sur instagram??

    1. Merci! Oui, je suis sur Instagram (_Carlotta_M) mais je n’y partage pas beaucoup de choses en rapport direct avec ce blog ; j’essaie d’archiver de photos pour le me-made-may en ce moment, mais crains un peu l’effet « blogueuse mode au rabais »…

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