Une décennie

A la fréquence à laquelle j’écris ici, ça ne veut pas dire grand-chose, mais ce petit coin retiré des internets a fêté ses dix ans en janvier. Comme j’en ai l’habitude à chaque début d’année, je me suis dit que j’allais y reprendre mes publications – ce blog a pourtant tellement déménagé que ses catégories sont en fouillis et qu’il y manque toutes les images, mais qu’importe. C’est en commençant à trier les publications que je suis tombée sur ce billet, de dix ans d’âge, déjà en forme de bonnes résolutions. Beaucoup des centres d’intérêts de la Charlotte de 2011 sont aussi ceux de la Charlotte de 2021, aussi comment résister à l’envie d’en faire un petit bilan ?

« Trouver mon style » : travail (toujours) en cours

J’espérais déjà trouver une « formule moins naïve », mais a posteriori, c’est moi que je trouve très naïve : je me rends désormais compte qu’à l »époque, je pensais qu' »avoir son propre style », c’était être comme un personnage de film : parfaitement caractérisé par son extérieur – je confondais style et costume. Je me trouve toujours aussi « brouillon de fille » aujourd’hui qu’à l’époque, mais je serais désormais parfaitement heureuse d’avoir du style, une garde-robe cohérente, et surtout, de m’amuser au quotidien avec les vêtements.

« M’améliorer en couture » : oui, mais…

En dix ans de couture, trois robes de mariée, une douzaine de chemises, quelques pantalons… j’ai fait de nombreux progrès, mais sans doute pas autant que je l’aurais souhaité. Par contre, mon stock de tissus et de patrons, lui, a enflé, je le crains, bien au-delà du raisonnable. J’en ai un peu honte, mais j’essaie de considérer cette pléthore d’options comme un encouragement à retrouver plus souvent le chemin de ma machine à coudre.

Apprendre la photo : un excès d’ambition

En 2011, je ne m’en étais pas encore rendu compte, mais j’ai tendance à avoir les yeux plus grands que le ventre. La photo m’attirait et m’attire toujours beaucoup, mais je sais désormais que faire de belles images requiert un savoir-faire et un minimum d’investissement en temps que je ne suis pas prête à faire : j’ai déjà beaucoup de centres d’intérêts et mon énergie n’est pas illimitée. Je laisse donc la photo aux meilleurs.

« Documenter mon quotidien » : le blocage.

Je ne me doutais pas à l’époque (je n’avais même pas encore de smartphone), que je rejoindrais un an plus tard un petit réseau nommé Instagram qui allait monstrueusement grandir et dévorer mon attention. Je ne me doutais pas non plus que j’y serais plutôt pudique, à la limite de l’auto-censure. Il y est très facile de raconter sa vie en un instantané et quelques hashtags, pourtant je ne l’ai jamais vraiment fait – plus des 9/10èmes de mes réalisations en couture n’ont par exemple jamais été partagées. Je me demande encore ce qui m’a retenue.

« Progresser en musique » : oui !

Dire que je venais de commencer à jouer de l’ukulélé ! C’était sans doute la résolution à laquelle je croyais le moins. Je m’accompagnais au chant. J’ai continué. J’ai joué dans des scènes ouvertes, rejoint des ateliers, joué en groupe, en musique amplifiée. Ces dix dernières années, cahin-caha, j’ai vaincu beaucoup de ma timidité et j’ai appris. Je ne serai jamais une très bonne ukuléliste, mais je suis devenue une meilleure chanteuse. Je suis désormais la moitié d’un duo où je joue et je chante. J’ai co-composé mes premières chansons, et d’autres sont en cours. La vie nous réserve de jolies surprises.

« Cultiver ma curiosité » : les chemins de traverse

Je me demande bien ce que je voulais dire par là. Sans doute pensais-je me rendre à un vague tourbillon d’expositions, de conférences, de rencontres, et les chroniquer ici, pour témoigner de ma palpitante vie intellectuelle. Je n’ai pourtant rien d’une chroniqueuse, ni d’un social butterfly. En me qualifiant de « timide » et « paresseuse », j’étais déjà consciente de mon attachement à ce que je n’appelais pas encore ma zone de confort. En grandissant, j’ai appris à apprécier cette zone de confort (lapsus intéressant : j’ai d’abord tapé « zone de confiance »), à l’investir, puis à l’étendre tout doucement. Les nouveautés, les révélations et les confirmations de cette décennie n’étaient pas ce à quoi je me serais attendue, mais je n’en suis que plus reconnaissante du chemin parcouru.

Et maintenant ?

Tant mal que bien, cet humble journal survit tandis que tant d’autres ont sombré dans les abysses numériques. J’y suis toujours attachée, et j’aime toujours écrire. J’ai presque envie d’y lister les bonnes résolutions prises au mois de janvier, comme pour me lancer le défi de les comparer d’ici une décennie.

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