Jolies fifties

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Ces derniers temps, j’étais un peu fâchée avec le musée _ pardon, le palais _ Galliera. Les expos Paris Haute Couture et Alaïa étaient certes très belles, mais m’avaient semblé manquer de fil directeur et, surtout, leurs cartons boursouflés de lyrisme au mépris de la pédagogie m’avaient quelque peu exaspérée. Et que dire de Papier glacé : de belles photos, mais surtout une gigantesque pub pour Condé-Nast? Tout cela m’avait fait franchement douter d’un musée et d’un homme (Olivier Saillard) qui m’ont pourtant donné certaines de mes expositions favorites à ce jour. Par chance, je suis allée visiter Les années cinquante il y a quelques semaines, et depuis, ça va mieux.

Rene-gurau-manteau-dior-1955C’est certain, ce renouveau de la mode française, mené par Dior, mais aussi par des noms moins connus (Fath, Dessès, Patou, Paquin, Carven, et ma préférée : l’intemporelle Grès) a vraiment produit des merveilles de sophistication : des robes, des tailleurs qui sont, littéralement, des pièces de musée. Ça va mieux en le disant : cette ère où l’on distingue la robe de cocktail de la robe du soir, le tailleur du matin de la robe d’après-midi et où les gaines et corsetteries compliquées sont de rigueur, où les unes de Elle vendent aux femmes les débuts de la société de consommation n’est pas la plus féministe qui soit.

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Comme tout le monde, j’aime les belles choses, mais j’avoue qu’alléchée par l’article de Suzy Menkès (et refroidie par l’architecture du célèbre tailleur Bar), j’étais surtout attirée par une autre partie de l’exposition : la partie plus « relax », qui, après les tailleurs et les manteaux assez sophistiqués (et ravissants), faisait la part belle aux robes de plage et à une mode plus junior, annonciatrice du sportswear et de ce tournant si doux des années cinquante aux années soixante qui est un de mes moments préférés dans la mode (une obsession notamment évoquée ici, et )… Je n’ai pas été déçue : une adorable robe de plage peinte (Hermès) et un ensemble de plage vert remarquablement sophistiqué, sans sacrifier à la détente (Grès) valaient à eux tout seuls le déplacement.

Rene-Gruau-manteau-rouge-1950C’est juste à côté que se trouvait pour moi le clou de l’expo : les patrons du Petit écho de la mode. Merci, cher palais Galliera d’avoir recueilli dans vos murs les humbles patrons de couture adressés à la classe moyenne. Vos robes pour milliardaires sont bien belles, mais pour qu’un style marque son époque, encore faut-il qu’il prenne véritablement vie… et avant l’adoption du prêt-à-porter, cela passait par la couture (en plus, ce serait une excellente idée de produits dérivés, non?).

L’exposition Les années cinquante, que je vous recommande donc chaudement, court encore jusqu’au 2 novembre au Palais Galliera. Snon, il y a des photos très volées sur mon Instagram (et j’imagine qu’on peut remonter le fil du musée).

4 Comments

  1. C’est vrai que c’est intéressant de voir la mode de tous les jours, les maillots de bain notamment, mais ce qui m’a surtout marqué, c’est la finesse des broderies. Je n’ose pas imaginer combien de temps ça a pris et le coût…

    1. C’est vrai, c’est à couper le souffle _ et parfois très marrant, en plus, avec ces broderies au maïs! On est vraiment dans la haute couture… Seulement, la jolie Palmyre de Dior a-t-elle été tellement portée? J’imagine que les robes de jour étaient nettement plus représentatives du style de l’époque, mais je me méprends peut-être…

        1. En effet, mais je pense aussi que beaucoup de créations contemporaines sont moins sophistiquées que la moyenne des robes présentées dans l’expo!

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