Sharon Tate, Britt Eckland, Monica Vitti, Marianne Faithful, Catherine Deneuve, Miss Dior, Tuesday Wield, Brigitte Bardot
Si je me demande bien souvent quoi faire de mon corps ou de mon visage, je ne m’étais jamais demandé si j’avais un idéal féminin. Outre le fait que je considère plutôt comme une admiratrice de la beauté dans toute sa variété, j’ai toujours trouvé assez absurde de se fixer un idéal (autant que de faire des classements du genre ‘les 10 plus chouettes ceci/cela sur Terre’). Décider que telle actrice ou tel mannequin est la plus belle femme du monde me semble non seulement un peu vain, mais surtout, à quoi bon se fixer un idéal lorsque l’on a pas les moyens de tendre vers celui-ci?
En fait, tout ça est de la faute d’Elixie, un peu, et de Pinterest, beaucoup : tout est parti de cette photo de Tuesday Wield, qui a inauguré un tableau entièrement composé de photos de blondes en noir et blanc, un cliché de Bardot en entraînant un autre de Deneuve, puis de Faye Dunaway, de Jane Fonda… etc. C’est comme ça que j’ai commencé malgré moi à esquisser un portrait familier : un visage féminin aux pommettes sculptées, à la bouche charnue, aux yeux sombres, qu’encadre et chamaille une opulente crinière blonde ; un visage qui pourrait être celui des années 60 et 70, mes décennies de prédilection. Je me suis aperçu avec consternation que j’avais également repris, à la faveur du hasard, les mêmes grands yeux sombres et la même foisonnante frange blonde en me choisissant cet avatar signé René Gruau…
Je dis consternation, car mon opinion sur l’idéal n’a pas changé : je me sens plutôt piégée, et en tout cas frustrée par celui que j’ai mis à jour. Avoir un idéal de beauté ne me donne pas pour autant les moyens d’y ressembler, et je garde mes yeux clairs et mes cheveux trop fins. Finalement, il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir sur soi-même…